L'ASM Clermont change de siècle

La victoire de l'ASM Clermont en finale du Top14 Orange met en évidence plusieurs valeurs du rugby, intangibles. La vaillance, bien sûr, de Clermontois enfin convaincus qu'un supplément d'âme était nécessaire pour gagner. L'orgueil des jaunards, humiliés par tant de défaites en finales, qui ont su rendre sa fierté au peuple auvergnat. L'intelligence de Vern Cotter qui a modifié son schéma de jeu après la défaite au Leinster et contre l'avis d'une partie de son entourage. La fidélité des joueurs au maillot, malgré les échecs (Rougerie, Audebert, Ledesma, Vermeulen). L'humilité de Brock James qui demande lui-même à Morgan Parra, à la mi-temps d'un match mal engagé contre Castres, de prendre le but, pour le garder jusqu'à la finale. l'ASM a gagné parcequ'elle a su évoluer en restant fidèle à ses valeurs. A l'image du rugby moderne.

Pour un Champion sans contestation

A défaut d'atteindre des sommets techniques, les deux finales européennes auront eu suffisamment d'intensité dramatique pour nous tenir en haleine. On retiendra le succès mérité du Stade Toulousain au regard de sa saison en H Cup, notamment sa demi-finale contre le Leinster. La moitié de saison réussie du BO, insuffisante pour un titre mais prometteuse pour l'avenir. Le manque de lucidité collective de Toulon, une fois privé de son patron Wilko, comme l'a résumé Philippe Saint-André. Place à la finale du Top14 qui opposera pour la première fois depuis 1939 les finalistes de l'année précédente. 1ère de la saison régulière, l'USAP mériterait un second titre d'affilé mais si l'ASM devait l'emporter, que ce ne soit pas au nom d'une carte de fidélité en finale remplie. Les Clermontois méritent mieux que ça.

Gagner les 2 Coupes d'Europe

A peine remis de nos émotions des demi-finales du Top14, nous allons nous plonger dans les finales européennes. Il se trouve que les deux demi-finalistes malheureux du week-end dernier joueront justement ces finales: Toulouse en H Cup, pour une quatrième victoire, et Toulon, en Amlin Cup, pour un premier trophée continental. Sans oublier Biarritz qui voudra accrocher sa première Coupe d'Europe après une finale perdue en 2006. A l'époque, les Biarrots s'étaient rattrappés en finale du Championnat de France face à...Toulouse. Trois finalistes sur quatre possibles et deux autre clubs, Perpignan et Clermont, en finale du Top14, cela prouve la bonne santé sportive de notre rugby. Samedi, Toulouse ne calculera plus et opposera toute son énergie à la fougue des Basques. Que le meilleur gagne. Dimanche, nous serons tous derrière le peuple toulonnais au Vélodrome.

Didier, Yannick, Gonzo, Aubin et les autres.

A l'issue du dernier Tournoi, nous avions loué le travail de Didier Retière qui avait construit une mêlée capable de mettre au supplice toutes celles qui lui étaient opposées. Après des demies européennes triomphales pour les clubs français, comment ne pas remarquer la domination écrasante de nos packs? Dominateurs en mêlée, très forts en touche, efficaces dans les rucks, disciplinés en défense, les avants des clubs français ont ecoeurés les Provinces Irlandaises. Des progrès énormes qui nous resituent aux niveaux historiques des années Fouroux et Berbizier. Les "gros", les travailleurs de l'ombre, ont pour mentors des hommes humbles et consciencieux, à leur image. Après ce week-end de victoires, Yannick Bru, Jean-Michel Gonzalez et Aubin Hueber méritent un peu de lumière.

Au grand jeu du rugby français.

Et voilà, les jeux sont faits, rien ne va plus. Félicitations à l'USAP qui boucle sa deuxième saison régulière à la première place, ce qui n'était jamais arrivé en poule unique. Bravo à  Toulon qui aura sa demie de feu à Saint-Etienne avant peut-être une finale européenne à Marseille. Pour Clermont, un barrage à domicile, c'est un bon résultat, conforme au standing du club. Mention spéciale au Stade Toulousain qui jouera aussi son quart au Stadium après avoir réglé sur le même stade la question de la suprématie européenne avec le Leinster. Mais si, Guy, votre équipe est capable de tout gagner... Castres et le Racing auraient sans doute signé pour les barrages en début de saison et le BO jouera contre le Munster pour une deuxième finale de H Cup. Nous vous avions donné les 6 il y a 2 mois, comme nous avions prédit la 8ème place du Stade Français. Nous avions malheureusement aussi prévu que Montauban allait tuer Sapiac. C'est fait.

Impitoyable Europe

Quels matchs! Décidemment et c'est tant mieux, les clubs français jouent les Coupes d'Europe à fond cette année. Biarritz, Toulouse et Toulon ont su élever leur niveau de jeu pour passer ces quarts. Avec énergie et réalisme pour le BO, maîtrise et puissance pour le Stade, vitesse et brio pour le èrcété. Mentions spéciales à Traille, Albacete, Jauzion et Missoup. Las, pour Clermont, les matchs décisifs se suivent et se ressemblent. Tout pour les gagner mais la peur de stigmatiser leur copain Brock. Et pourtant, il est clair que l'Australien craque dans les grands rendez-vous. A défaut d'assumer cette lacune, les Clermontois laissent leur idole sous le feu des critiques. Le Stade Français n'aura fait illusion qu'une mi-temps, payant ensuite ses lacunes physiques au prix fort. Et le non-renouvellement de ses cadres. Quant à Bourgoin, la tête était ailleurs.

La semaine de vérité

6 clubs français seront engagés en cette fin de semaine dans les 2 Coupes d'Europe. Pour eux, ce sera un tournant capital de la saison. Clermont a-t-il la pointure européenne? Réponse à Dublin. Une victoire sur le Leinster aurait un retentissement considérable dans l'Europe du rugby. Biarritz jouera gros à Anoeta, face aux Ospreys qui ont aussi fait de la H Cup une priorité... comme les Basques. Toulouse ne lâche jamais un match de Coupe d'Europe. Pour le Triple Champion, perdre au Stadium face au Stade Français ferait désordre. Mais les Parisiens chercheront un succès pour sauver leur saison. Le mieux constaté au Stade de France sera-t-il suffisant? En Amlin Cup, Toulon est attendu. Souverain depuis 2 mois en Top14, le èrcété doit s'affirmer en Europe pour franchir un pallier. Ne pas oublier Bourgoin qui, toujours en lutte pour le maintien, est capable avec ses vertus de passer en demie.